deuxième partie : quelques sites remarquables

Lorraine du Charbon

espace minier

Chip BUCHHEIT
photographies : Olivier C. A. BISANTI

02 octobre 2001

 

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(*)voir aussi "le point sur le projet Uckange"

La sortie thématique "Patrimoine industriel" organisée en Lorraine les 16 et 17 juin 2001 par le CILAC(*) a permis de visiter quelques sites remarquables du bassin houiller lorrain, en voie de fermeture.
La plupart des sites ci-dessous bénéficient de mesures de protection du fait de leur inscription aux inventaires des monuments historiques et seront donc conservés au titre du patrimoine industriel. On trouvera dans cette seconde partie, pour chacun de ces sites, la transcription d'une notice historique rédigée par Chip BUCHHEIT, historienne, et des photographies prises par Olivier BISANTI au cours de cette sortie.

   

 

Puits de Folschviller

 

 

silhouette caractéristique de la "tour-marteau" de Folschwiller >

- premières tentatives d'exploitation dans le secteur entre 1907 et 1914 (mine "Metz" : 2 puits foncés par l'Internationale Kohlenbergwerks-AktienGesellschaft: Alexandre Dreux 1 et 2)

- 1929: avoirs repris par la Compagnie des Mines de Saint-Avold (2 nouveaux puits foncés entre 1931 et 1939: Folschviller 1 et 2)

- l'établissement des puits s'effectue dans le cadre des prestations en nature dûes par l'Allemagne (entreprise Gewerkschaft Carl Alexander)

- une très longue période de fonçage des puits du fait des venues d'eau incontrôlées (dont l'accident de déc. 1933)

- Siège exploité entre 1948 et 1979 (prof 700 à 900 m)

- protection de la tour d'extraction en 1992

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tour d'extraction de Folschwiller

 

Puits de Vernejoul

(Porcelette - secteur Ouest, mines de La Houve)

- puits foncés entre 1955 et 1959 (pour exploiter de nouveaux champs au Sud du gisement); l'allure des couches, proches de I'horizontale (plateures) rend problématique la question de l'aérage et des transports au fond, d'où nécessité de multiplier les puits.

- mise en exploitation différée (1975) pour cause de conjoncture économique défavorable (profondeur d'exploitation: env. 560 m)

- 1985 : création de l'unité d'exploitation (U.E.) "La Houve" ; de Vernejoul en devient le puits principal d'extraction; son aérage est assuré par le puits Ouest (1988/1989).

- le puits est actif en 2001; probablement le dernier puits qui sera fermé "à l'horizon 2005".

 

Puits II

(I'Hôpital - secteur Centre, Sarre-et-Moselle)

- fonçage initial des puits I (aérage) et II (extraction) entre 1862 et 1867

- en exploitation entre 1869 et 1918 (date de mise en exploitation du siège; profondeur des veines exploitées : entre 400 et 450 m).

- 1903/1904 : installation d'une machine d'extraction électrique (précocité de l'équipement)

- en 1919, le puits Il devient un "puits secondaire" (puits de service et d'aérage pour les besoins du puits Ste-Fontaine)

- le site est requalifié en Centre de formation entre les deux-guerre (fonction actuelle)

- les constructions les plus anciennes remontent à 1904 (date de modernisation et d'extension des installations).

 

Puits Sainte-Fontaine (ancien puits Waldemar MULLER)

(à cheval sur Saint-Avold et Freyming - secteur Centre, Sarre-et-Moselle)

 

 

Le chevalement à double extraction du puits Sainte-Fontaine, construit en 1947-48 ; sa morphologie équivaut à l'accolement de deux chevalements de type "allemand" (faux-carré porteur). >

(d'après BUCHHEIT et Alii, op. cit.), cliquez pour agrandir

termes anatomiques de l'architecture des chevalements

- fonçage entre 1908 et 1912

- début d'exploitation en 1918

- gisement classé "très grisouteux" : coups de grisou en 1919, 1959, 1961 (env. 70 tués et de nombreux blessés)

- 1920: rééquipement complet et modernisation des installations

- au milieu des années 1950, 95 % de la production du puits Ste-Fontaine proviennent du gisement exploité sous la Sarre (amodiation de Carlsbrunn),

- Le puits a connu une interruption d'activité entre 1974 et 1976 et une cessation définitive d'activité 1986.

- déséquipement et démolitions partielles (les bains-douches sont aujourd'hui partiellement occupés par le Service Géomètre). Le chevalement double extraction a été protégé en 1992.

 

Puits Cuvelette

(Freyming-Merlebach, secteur Centre - Sarre-et-Moselle)

 

 

construit en 1991, le chevalement pyramidal de Cuvelette Nord est un assemblage de poutres-caisson >

- puits conçu dès 1922 pour exploiter la partie Ouest des dressants de Merlebach (gras très grisouteux)

- 2 puits foncés entre 1930 et 1932 (puits Sud et puits Nord); en exploitation en 1933

- constitué en U.E. autonome entre 1946 et 1970

- 1970- changement de statut, Cuvelette devient puits de service (toujours en semi-activité)

en 2001; le chevalement pyramidal de 1991 est équipé d'un descendeur à bois.

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le vertige des 50 mètres (à la molette supérieure) du chevalement moderne de Cuvelette.

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chevalement en béton armé de Cuvelette-Sud. Cet "équipement provisoire" datant de 1930 a été protégé en 1992.

 

Carreau du "Puits V" (ou Vouters)

(Merlebach - secteur Centre, Sarre-et-Moselle)

 

 

Le bâtiment des bains-douches du puits Vouters >

fonçage initial du premier puits exploité entre 1875 et 1898; début d'exploitation en 1898

-Particularités du site : 4 puits et un carreau étagé

- carreau supérieur comportant 4 puits : puits Hochwald (abandonné), puits V (fermé), puits Freyming (puits d'extraction en activité) et puits Vouters (puits de service en activité)

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Partie ancienne de la chaufferie du puits Vouters, équipée pour brûler les bas-produits de l'exploitation, amenés par la conduiite visible en haut de la photographie

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L'un des ateliers établis sur le carreau supérieur au début du XXe siècle

- carreau intermédiaire occupé par le Service Chemin de fer

- La visite a permis de voir le carreau inférieur résultant, à l'origine, de l'exploitation d'une carrière de sable pour les besoins de remblais des puits. Devenu parc à bois en 1930, le carreau inférieur a été converti pour accueillir les ateliers d'entretien du matériel minier roulant. On y trouve le plus grand réseau de voies étroites d'Europe

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Le chevalement "anglais" (faux-carré non-porteur) du puits Freyming, l'un des 4 puits du carreau supérieur de Vouters, construit en 1949.

- Le carreau de Vouters peut être considéré comme le centre nerveux des nouvelles méthodes d'exploitation adoptées dès 1919 par Sarre-et-Moselle (accueille le Bureau d'etudes); cette taylorisation des méthodes de travail permet à la compagnie retrouver dès 1924 le niveau de production d'avant-guerre (en dépit de la réduction du temps de travail) et de prendre le 1er rang des houillères lorraines en 1928. Ces méthodes d'organisation du travail seront égalerment appliquées dans les mines de La Houve à partir de 1930, date à laquelle la direction des opérations est confiée aux ingénieurs de Sarre-et-Moselle).

- la profondeur de l'exploitation atteint au Puits Vouters -1327 m ; en mars 2001, le siège a cessé d'exploiter les dressants.

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La "salle des pendus", mitoyen des douches, où l'on accroche les vêtements (de ville ou de travail, selon que le mineur est au fond ou... chez lui). Cette solution représente une ingénieuse économie de place et permet le séchage naturel des vêtements de travail.

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le couloir des vestiaires. On devine les "salles des pendus" de chaque coté.

 

Puits Vuillemin

(Petite-Rosselle, de Wendel - secteur Est)

- Vuillemin est le quatrième siège implanté dans la vallée de la Rosselle par la Société des mines de houille de Stiring (de Wendel), après Saint-Charles, Saint-Joseph et Wendel) - il est conçu dès l'origine comme devant fonctionner en étroite liaison avec le puits Wendel voisin (prévision d'étages d'exploitation en commun- équipements de secours)

- fonçage du puits 1 entre 1866 et 1876 (année de mise en exploitation) ; puits 2 (puits de remblais) foncé entre 1881 et 1889 (le remblayage permet d'éviter la multiplication des incendies spontanés au fond et de limiter les dégâts miniers en surface)

- Vuillemin, représentatif des "Vieux puits" du secteur Est (établis au 19e siècle), ne voit pas ses installations renouvelées au cours des années 1950/1960.

- le puits est arrêté en 1966

Les vestiges en place ont été protégés en 1998 (ensemble d'extraction datant de 1884/1885 comportant : le bâtiment du puits (recette), un chevalement métallique (le plus ancien chevalement métallique du bassin) et une salle des machines.

 

Siège Wendel

(Petite-Rosselle, secteur Est - de Wendel)

 

 

de gauche à droite, les chevalements des puits Wendel 2 (1949) et Wendel 1 (1956), partiellement masqués par la recette. >

Ce gros ensemble est composé de 3 puits constituant 2 sièges d'exploitation quasi autonomes :

- siège des puits 1 et 2 foncés entre 1862 et 1871

- en 1904, première application du remblayage hydraulique à Wendel (un an après sa mise au point en Allemagne)

- la modernisation des années 1950 fait renouveler tous les gros équipements des puits 1 et 2 et s'accompagne d'une extension importante de toutes les installations (lavoir, vestiaires, bains-douches, etc)

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puits 1 et 2, sous un autre angle

- 1961: fusion des deux sièges (Wendel 1-2 et Wendel 3) à la suite de la perte du gisement exploité sous la Sarre (amodiation de Gross Rosseln exploitée depuis 1927) ; l'ensemble des exploitations est réorganisé en fonction des nouveaux "gisements de substitution"; leur exploitation nécessite la création d'un nouveau puits (puits de Marienau, 1960/1962) .

- 1986 : arrêt de l'extraction, le carreau Wendel devient deux ans plus tard le siège d'un futur musée; le puits 3 est resté en semi-activité jusqu'en 2000.

- l'ensemble du Puits 3 a été protégé comme "ensemble remarquable représentatif des années 1950".

 

Puits Simon 1-2

Forbach, secteur Est - de Wendel)

 

 

façade principale de la salle des machines >

le siège Simon est composé de 5 puits formant 4 carreaux:

- le carreau des puits 1 et 2 (établi entre 1906 et 1913)

- le carreau du puits Simon 3 (établi entre 1926 et 1933 à Forbach)

- le carreau du puits Simon 4 (1948/1951 ; Schoeneck)

- le carreau du puits Simon 5 (1958/1960 ; visible depuis le carreau initial

- mis en route en 1908, le puits Simon représente, "un puits moderne" tel que l'on pouvait se le représenter au début du 20ème siècle. Sa configuration architecturale et technique est très proche de celle adoptée au même moment au puits Frédéric-Henri (charbonnage du bassin d'Aix-la-Chapelle, propriété des de Wendel depuis 1904).

- la modernité du siège, véritable vitrine de la Maison, apparaît surtout dans l'option "tout électrique" des équipements, installés à une époque où les applications de l'électricité aux gros équipements miniers n'avaient pas encore fait leurs preuves.

- entre les deux guerres, c'est à Simon que sont expérimentés la plupart des nouveaux équipements progressivement introduits au fond. C'est à Simon aussi, que sont conçues et réalisées les méthodes dites "d'attaques multiples".

- au lendemain de la guerre, le puits Simon et le puis St-Charles sont les seuls à répondre aux impératifs de production imposées par la reconstruction. Ces capacités -qu'on explique par une "incontestable largeur de vue" de ses propriétaires- expliquent pourquoi bon nombre des constructions initiales ont pu être préservées (elles ont par contre connu le rééquipement et les extensions)

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les bureaux du siège et la salle des mineurs

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le chevalement du puits 2. Il ne reste en tout et pour tout que trois chevalements de type "anglais" dans le bassin sarro-lorrain. Celui du puits Simon 1 a été protégé en 1998.

- 1997 : arrêt du puits

- le "carreau initial" des années 1908/1912 a été protégé en 1998.

La typologie des chevalements a été extraite de l'ouvrage "architecture mécanique" (op. cit).

 

BIBLIOGRAPHIE

- BUCHHEIT C., DELUZE J-M, LUPP P.M, "Architecture mécanique", Musée du bassin houiller lorrain/CCSTI, 1999 (Bilingue français-Allemand)
-COLLECTIF, "Du Charbon et des Hommes", HBL, 1994 (disponible au service des Relations Publiques des Houillères du Bassin de Lorraine).

 

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